Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), Economie Sociale et Solidaire (ESS)… Ces notions, hier réservées à des cercles d’initiés ou à des engagements militants, se généralisent aujourd’hui dans le langage des recruteurs, des salariés et même des demandeurs d’emploi. Mais derrière ces sigles, que recouvrent vraiment ces concepts ? Et surtout, que changent-ils concrètement dans notre rapport au travail, aux compétences attendues et aux opportunités professionnelles ?
Comprendre ces évolutions et les intégrer à votre stratégie de recherche d’emploi, voilà ce que nous vous proposons.
La RSE et l’ESS : de quoi parle-t-on ?
La RSE ? Vous avez sûrement vu ce sigle dans la charte de votre entreprise ou dans des offres d’emploi La RSE recouvre plusieurs piliers, notamment :
- Économique : assurer une activité rentable, durable et éthique
- Social : respecter les droits des travailleurs, favoriser l’inclusion, la diversité et le bien-être
- Environnemental : limiter la pollution, réduire les déchets, économiser les ressources et lutter contre le changement Au-delà de la RSE, un autre concept fondamental a émergé il y a quelques années notamment via la loi ESS (LOI n° 2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire). Voir pour plus de détails : «Fiche pratique du ministère de l’économie»
Émergence des métiers et des secteurs : la transformation en marche
L’essor de la RSE et de l’ESS ne se limite donc pas à des chartes éthiques ou à de belles intentions. Ces dynamiques transforment profondément le marché du travail. Elles font émerger de nouveaux métiers, repositionnent des secteurs entiers et redéfinissent les compétences recherchées.
Des métiers nouveaux ou transformés
A titre d’exemple, les besoins en compétences écologiques créent des opportunités professionnelles inédites. Parmi ces nouveaux métiers, on trouve :
- Les techniciens en énergies renouvelables (ex : installation et de panneaux solaires ou d’éoliennes)
- Les designers en éco-conception (ex : repenser les produits pour qu’ils soient plus durables et recyclables)
- Les ingénieurs en bâtiments biosourcés (ex : développement des bâtiments utilisant des matériaux innovants) La RSE irrigue aussi des métiers existants dans les différentes fonctions de l’entreprise qui doivent désormais intégrer de façon transversale des critères sociaux et environnementaux à leurs prises
de décisions. Ceci concerne les Ressources Humaines, la Direction Générale et d’autres fonctions support de l’entreprise.
Actuellement, 25 500 cadres en France exercent un métier à finalité environnementale. Selon l’APEC, ce chiffre est appelé à doubler ou tripler d’ici 2035. Cette tendance illustre l’ampleur des besoins et les opportunités à venir dans ces secteurs. Par ailleurs, l’an dernier, le modèle ESS a été vecteur de 2,6 millions d’emplois dont 13,6% font partie du secteur privé¹.
Et pour les chercheurs d’emploi ?
C’est une opportunité réelle, à condition de savoir valoriser son sens de l’éthique, son engagement, sa connaissance des enjeux sociaux et environnementaux… et de rester curieux ! La transition écologique et solidaire est aussi une transition professionnelle : elle ouvre la voie à des parcours plus alignés avec ses valeurs.
De nouveaux secteurs d’activité
L’économie verte donne naissance à des secteurs prometteurs. L’économie circulaire, qui vise à réduire le gaspillage en réutilisant et recyclant les ressources, en est un bon exemple. Des start-ups qui valorisent les invendus alimentaires illustrent cette tendance, ainsi que l’agriculture urbaine qui se développe sur les toits.
L’évolution des pratiques professionnelles
Les entreprises ont évolué : elles utilisent désormais l’intelligence artificielle afin de correspondre aux besoins de produits ou de services éthiques et durables.
La transversalité du travail des collaborateurs devient la norme dans certaines entreprises : nous passons d’un management vertical à un management participatif plus agile.
De nouvelles problématiques à gérer
Ces changements s’accompagnent de nouveaux défis. Au sein des organisations, les collaborateurs doivent acquérir de nouvelles compétences notamment écologiques. A titre d’exemple, le secteur du bâtiment a dû réformer ses formations pour répondre à des normes énergétiques strictes. Les entreprises doivent également faire face à
des attentes accrues des consommateurs et des salariés en matière de transparence et de responsabilité.
Les évolutions de business models constituent un autre défi majeur. De nombreuses entreprises adaptent ainsi leurs activités pour intégrer les principes de l’économie circulaire en passant de la vente à la location selon l’usage.
Implications des entreprises dans la RSE et l’ESS
- La dimension économique de cette implication se manifeste par un soutien actif à l’économie locale : approvisionnement en circuits courts, relocalisations des unités de production. Ce modèle favorise l’emploi local, renforce la confiance des consommateurs et dynamise les territoires.
- La dimension sociale se traduit par des actions fortes en faveur de meilleures conditions de travail, de la formation et de l’inclusion. Ces engagements améliorent l’équité, la sécurité et renforcent l’intégration sociale, en lien avec les valeurs de l’ESS.
- La dimension environnementale se concrétise lorsque les sociétés adoptent une approche éco-responsable, conciliant innovation et durabilité. Elles agissent concrètement pour préserver les ressources et limiter les déchets. Ces actions illustrent pleinement le principe des 3R (Réduire, Réutiliser, Recycler) et s’inscrivent dans une démarche RSE cohérente avec les valeurs de l’ESS.
Les obligations légales
a) Dans le monde
Aujourd’hui il n’existe aucune réglementation mondiale contraignant les entreprises à se justifier en matière de responsabilité et de développement durable bien que certaines directives européennes en la matière aient une portée extra-territoriale. En revanche, les normes ISO (International Standard Organization) encadrent les bonnes pratiques et les critères du management social, de l’environnement, voire de l’énergie. La référence en la matière est la norme ISO 26000.
Cette norme se concentre sur sept grands aspects :
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- Gouvernance de l’organisation
- Droits humains
- Relations et conditions de travail
- Environnement
- Loyauté des pratiques
- Questions relatives aux consommateurs
- Communautés et développement local
b) En Europe
Dans le cadre du Pacte Vert, l’Union Européenne a revu ses normes notamment via la directive (UE) 2022/2464 dite « Corporate Sustainability Reporting Directive » ou directive CSRD, transposée en France en décembre 2023. Cette directive détermine les informations de durabilité que certaines entreprises doivent publier et fait suite à une précédente directive dite NFRD.
c) En France
La loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) de 2019 a été un texte précurseur en la matière.
Trois mesures phares ont été mises en place :
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- L’objet social de toutes les sociétés doit considérer les enjeux sociaux et environnementaux (article 1833 du Code civil)
- Les sociétés volontaires peuvent intégrer dans leur statut une raison d’être (article 1835 du Code civil)
- Création d’un statut d’entreprise à mission
Les limites
Si la RSE et l’ESS participent à la recomposition du modèle économique autour de valeurs humaines, il y a cependant des limites qu’il convient de prendre en compte avant de prospecter :
a) Pour la RSE
Il existe un risque de « greenwashing » si la communication ne reflète pas les actions réelles.
L’évaluation de l’impact des initiatives RSE est complexe, ce qui peut décourager l’engagement des salariés.
La « compétence RSE » est généralement attendue en complément d’autres métiers, avec des opportunités d’évolution hiérarchique ou salariale limitées.
La durabilité des emplois est incertaine, car les objectifs à long terme peuvent entrer en conflit avec les besoins de rentabilité immédiate.
b) Pour l’ESS :
Il est difficile de mesurer et de valoriser l’impact social, ce qui peut freiner la création de nouveaux postes.
Les ressources financières de ce secteur sont limitées et dépendent souvent de financements publics.
Malgré des missions enrichissantes, les salaires restent généralement bas.
Sources :
¹Etude APEC sur la Transition écologique septembre 2023, collection COMPÉTENCES : MÉTIERS et SOCIÉTÉ dans :
https://www.cci.fr/ressources/developpement-durable/responsabilite-sociale-rse
https://www.hellocarbo.com/blog/communaute/rse-entreprise-le-guide-ultime/