La (bonne) première impression

Je sors de ce premier entretien. J’étais bien préparé, mon profil correspondait plutôt bien au poste, et pourtant j’ai comme l’impression que le courant n’est pas vraiment passé. J’essaye de me mettre à la place de mon interlocuteur en me disant que probablement lui aussi a dû ressentir la même chose, et j’en finis par ressasser les poncifs comme “La première impression est souvent la bonne, surtout quand elle est mauvaise“ suivi de “On n’a pas une deuxième chance de faire une bonne première impression“. Bref, je sais que la scène ne pourra pas être rejouée et que contrairement au cinéma il n’y aura pas de nouvelle prise. Je sens que la suite n’est pas garantie…

Qui n’a pas connu cette expérience de la première impression donnée qui semble n’avoir pas été bien reçue ? Comment mettre toutes les chances de son côté pour mieux aborder la première rencontre avec l’inconnu(e) qui nous recrute ? Notre GAD a choisi de développer ce sujet en se focalisant sur le contexte de l’entretien et en l’illustrant d’expériences vécues par les membres du groupe.

Tout d’abord, qu’est-ce qui fait une bonne première impression ?

Nous pensons qu’il s’agit d’abord d’être en phase avec les attentes du recruteur que l’on a en face de soi. Ces attentes sont multiples et il nous paraît essentiel d’être à l’écoute pour s’appuyer au mieux sur les trois piliers que sont les compétences, la motivation et le fit/adéquation.

Pour autant, qu’est ce qui fait que “le courant passe“ ? D’après la psychologue américaine Amy Cuddy (Professeur à Harvard Business School), il apparaît que c’est la cordialité, ou sociabilité, qui détermine le niveau de confiance que l’on va vous accorder, et c’est en réalité le facteur qui prime lors de l’évaluation de votre personnalité.

Mettre en avant ses compétences, sa motivation au regard du poste proposé ne vaudrait donc que si la conviction de votre fiabilité est établie. En bref, garder en tête que mieux vaut être d’abord sympathique et sociable en entretien d’embauche que sûr de soi et très pertinent. A chacun de trouver son style pour mieux développer lors du premier contact – et dans l’ordre ! – sa sociabilité et ses arguments pour convaincre.
La première impression est aussi à mettre quelquefois en relation avec ce qui nous précède : notre CV, notre lettre de motivation, les différents profils que nous avons en ligne sont autant d’éléments qui précèdent le premier contact en personne.

C’est surtout la cohérence de l’ensemble de ces éléments avec le candidat qui se présente qui va interroger le recruteur, influer son degré de confiance (on y revient) et donc impacter son évaluation. Bref, à chacun de “revoir son contenu éditorial“ pour assurer la meilleure résonance entre la réputation qui précède et l’individu qui se présente.

La première “première impression“ c’est d’abord l’image de soi, l’image que l’on donne avant même d’avoir parlé ou même bougé. Certes, personne ne va changer de physique pour un entretien mais pour autant le soin apporté et l’adéquation de son style vestimentaire à l’environnement visé sont autant d’attentions qui signalent notre respect et notre envie d’aller vers l’autre et vers son univers professionnel, quitte à s’ajuster sur place si besoin. On pourra prendre l’exemple de la cravate pour les hommes.

Ayant exercé dans plusieurs domaines d’activités, un collègue nous donne quelques exemples pour les hommes : “La banque est bien connue pour ses costumes gris. Par contre, dans l’industrie, le costume trop strict peut donner l’impression (et la crainte) que l’on ne sortira pas de son bureau. Dans le domaine de la mode, la cravate est plutôt « has been ». Ne pas hésiter à ôter sa veste si le recruteur n’en porte pas.“

Au-delà de l’aspect visuel, mais toujours partie intégrante de la communication non-verbale, le langage corporel va contribuer lui aussi à forger la première impression. Il y a bien sûr ce que voit notre interlocuteur. Mais, et c’est tout aussi important, ce langage corporel ou posture va aussi nous influencer nous-mêmes et participer à notre confiance en soi. L’esprit agit sur le corps mais le corps agit aussi sur l’esprit, comme le démontre la psychologue Amy Cuddy au travers de ses expériences en apportant au passage des conclusions pertinentes dans le contexte de l’entretien d’embauche. Il ne s’agit pas de se changer en acteur de théâtre ou en imposteur mais de comprendre que notre posture va agir sur notre mental, sur notre “présence“ et donc sur l’impression que nous allons laisser.

Cela veut dire configurer son corps dans la position gagnante pour y mettre son esprit et l’incarner. Comme si “s’y croire déjà“, c’était justement y projeter son corps et par là même son esprit pour finalement …y être déjà un peu.

Franck, directeur d’hôtel de chaîne, nous parle de son expérience en entretien : “Non, je ne vais pas faire le haka dans les toilettes. Pour autant, je préfère attendre pour mon entretien en position debout, que ce soit dans l’espace de réception où je peux observer ce qui se passe ou bien dans la salle où va se dérouler l’entretien. Cela me permet de rester alerte, de décontracter les épaules et de

mieux respirer, d’observer tout l’espace y compris extérieur s’il y a une fenêtre, d’interagir éventuellement avec les quelques personnes présentes si cela est possible. Lors de l’entretien, si je suis assis près d’une table, je me penche légèrement en avant avec les avant-bras posés sur la table correspondant à ma position de confort « écoute active ». Je force mon regard à engager l’écoute, ce qui stimule l’écoute elle-même. Cela ne veut pas dire que l’entretien se passe bien à chaque fois, mais je sens une forme de confort mental et d’énergie positive qui affleure“.

La première impression c’est aussi le premier contact (la fameuse poignée de main) et le premier  échange au travers des premiers mots. La poignée de main n’est pas un geste anodin : paume très moite, main trop molle, poignée trop ferme, bras tendu etc… envoient un message d’inconfort qui peut être contagieux.

Alors visons le confort pour notre interlocuteur (et pour nous) : si la main est moite elle est essuyée/séchée avant, le bras est demi-tendu avec le tranchant légèrement dirigé vers le sol, la poignée de main est ferme mais pas trop (voir conseils Cadremploi). Pour les premiers mots “Bonjour, je vous remercie de me recevoir“ marque à la fois politesse et cordialité, engageant la sociabilité.

Le sourire est également important. Il démontre que vous vous sentez à l’aise en entretien et plus tard dans votre poste.

Rien n’oblige ensuite à prendre la parole en premier. Le silence signale l’écoute et marque également la déférence en particulier si l’interlocuteur est potentiellement un supérieur hiérarchique. Si le silence perdure, une simple question (ex : “Souhaitez-vous que … ?“) permettra d’engager l’échange en gardant en tête que c’est à nous également d’aider l’autre à se sentir à l’aise.

Au final, la bonne première impression le restera si cohérence et un personnage : il faut se préparer, y croire (en s’aidant de son corps) tout en étant attentif à l’autre et à ses besoins. Décrocher un job c’est avant tout donner à son interlocuteur l’envie de travailler avec vous et cela commence par le mettre en confiance.

Le GAD 18

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