Associations, fondations et autres organisations nous alarment régulièrement sur l’état de santé mentale des Français au travail. Selon elles, la situation est grave.
Les mots anxiété, burn–out, stress chronique, dépression et autres troubles psychiques liés de près ou de loin au travail ne nous sont pas inconnus.
Prendre soin de sa santé mentale (1) devient un impératif pour pouvoir affronter les différents enjeux de société en général et de l’entreprise dans une moindre mesure.
Loin d’être nouveau, le phénomène s’est amplifié ces deux dernières années. La COVID–19 a catalysé les discussions autour de la place du travail dans nos vies et la nécessité de faire de son bien–être mental une cause prioritaire. Cette période a été l’occasion pour beaucoup de réfléchir à cette question.
Les travailleurs sont désormais en quête de sens. Dans ce contexte, quelles sont les répercussions pour l’Entreprise en termes de recrutement ?
Une quête accrue de sens
La santé mentale est déterminée par de nombreux facteurs : socioéconomiques, biologiques et environnementaux, dont l’environnement de travail. Les conditions de travail sont en effet un déterminant important de la santé mentale. De fait, les salariés sont de plus en plus nombreux aujourd’hui à être en quête de sens d’un emploi qui réponde à leurs aspirations et qui contribue à préserver leur santé mentale ou à l’améliorer a minima. Alors qu’auparavant ils étaient essentiellement centrés sur leur rémunération et leur capacité à progresser hiérarchiquement, leur objectif consiste désormais le plus souvent à rechercher un emploi qui a du sens à leurs yeux, un emploi en adéquation avec leurs valeurs personnelles, leurs sources d’épanouissement ou qui leur permet de rééquilibrer leur vie personnelle et leur vie professionnelle.
L’enquête menée par somanyWays en avril 2022 montre que les Français plébiscitent 3 valeurs au travail. Quelles sont–elles ?
En tête de ces valeurs, on trouve une bonne ambiance de bureau et avec les collègues pour 62%, ensuite la possibilité d’apprendre et de développer de nouvelles compétences pour 60% et enfin avoir l’opportunité de proposer de nouvelles idées et des solutions dans son entreprise pour 51% d’entre eux.
La notion de sens au travail demeure subjective. Elle varie d’une personne à une autre voire d’une génération à une autre.
Si pour les babyboomers qui bénéficiaient d’une certaine sécurité d’emploi s’investir sans compter dans son travail avait du sens, pour les générations X ça le devenait un peu moins et pour les générations Y, expérimenter jusqu’à dix carrières devient la norme. De même, là où la recherche d’équilibre travail–vie privée constitue une exigence pour la génération X, pour la génération Y, il existe une vie en dehors du travail. faire face à toutes ses activités. Le travail n’est pas tout
Après les Etats–Unis, c’est au tour de la France de voir déferler le phénomène de « grande démission ». Les travailleurs n’hésitent plus à quitter un emploi si celui–ci n’est plus aligné avec leurs valeurs ou n’est plus source d’épanouissement. Les cadres n’échappent pas à cette tendance. La reconversion de certains vers des métiers manuels ou le départ vers des coins de campagnes par exemple en sont de parfaites illustrations.
Jouer un rôle actif sur les questions sociétales ou environnementales fait désormais partie des attentes des individus, le fameux job à impact positif.
Dans ces conditions, comment attirer des candidats ?
Des répercussions sur les politiques de recrutement Est–ce à l’Entreprise que revient la responsabilité de donner du sens au travail ?
Certaines entreprises l’ont bien compris, parfois après des drames. Ce sujet est pris à bras le corps par les Directions Générales. Par exemple, l’Institut des métiers d’Orange donne l’occasion aux organisations syndicales et aux dirigeants de travailler ensemble, avec des chercheurs, sur les grandes évolutions de métiers qui vont concerner les personnels pour éviter les conséquences désastreuses du passé.
Certes aucune règle n’impose à l’Entreprise de telles actions, mais elle a tout intérêt à s’intéresser à cette question et à adopter une approche « human–centric ». Le facteur humain est une dimension à prendre en compte dans le management. L’Entreprise a tout à y gagner. Les études le montrent : cela contribuera à une amélioration substantielle de la performance des collaborateurs. Le sens retrouvé leur permettra d’aller au–devant des responsabilités prévues par leur fiche de poste et d’aller plus facilement vers les autres pour trouver une solution à leur problème. Ce sera également l’occasion d’avoir un meilleur contrôle sur leur environnement de travail avec une amélioration de la motivation et des conséquences positives sur les résultats de l’Entreprise.
Actifs et candidats à l’emploi sont de plus en plus sensibles à l’environnement dans lequel ils vont évoluer d’où l’importance pour les entreprises de pouvoir compter sur une marque employeur forte et attractive.
La quête de sens au travail suit l’évolution de l’humanité et demande donc toute notre attention.
Aujourd’hui, avant de vous engager dans une entreprise, quels sont vos critères :
- Son secteur d’activité ?
- Ses valeurs ?
- Son image réputationnelle ?
- Son projet ?
- Son impact environnemental ?
Quel sens accordez–vous au travail aujourd’hui ?
Quelques pistes de réflexion
- « La Révolte », Marine Miller (éd Seuil, octobre 2022). Ouvrage centré sur les jeunes diplômés des Grandes Ecoles.
- « Ruptures » (documentaire inédit, également sur les jeunes diplômés), Arthur Gosset, co–produit par Hélène Cloitre. Sur les bonnes plateformes…
(1) L’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé associe la santé au travail à un sentiment de bien–être et de réalisation de soi. Sans santé mentale, il n’y a pas de capacité à prendre soin de soi et des autres. Sans santé mentale, il n’y a pas de capacité à apprendre et à se confronter à l’autre. Sans santé mentale, il n’y a pas de capacité à collaborer et à construire avec l’autre.